mercredi 17 juin 2009

LETTRE OUVERTE AU GOUVERNEMENT CANADIEN ET MESSAGE DE SOLIDARITÉ AVEC LES FEMMES HAUDENAUSAUNEE D'AKWESASNE, TYENDINAGA ET LEURS COMMUNAUTÉS SOEURS

Nous, membres femmes du Comité de coordination et d'action du 8 mars des Femmes d'origines diverses, désirons par la présente exprimer notre profonde solidarité avec les femmes Haudenausaunee et leurs communautés dans leur lutte contre l'occupation illégale et l'annexion continue de terres non-cédées. Nous désirons également transmettre notre respect le plus profond au peuple Haudenausaunee d'Akwesasne qui a courageusement défié le plan du gouvernement Harper d'armer les douaniers de l'Agence des services frontaliers du Canada (ASCF) du passage frontalier de Kahwehnoke (Cornwall Island).

Nous dénonçons également l'attaque brutale et l'arrestation de membres de la commuauté Mohawk de Tyendinaga, le 12 juin 2009, alors que ceux et celles-ci participaient à une action de solidarité avec la communauté d'Akwesasne en bloquant l'accès au pont Skyway dans le Sud de l'Ontario. Le but de cette action était d'exiger que le gouvernement fédéral entreprenne des négociations sérieuses avec la communauté d'Akwesasne.

L'État canadien a été bâti sur un héritage de violence à l'endroit des femmes Onkwehonwe et de leurs familles : violences sexuelles, génocide et une répression coloniale qui perdure encore. Le harcèlement mené par les agents armés contre la communauté d'Akwesasne n'est qu'un exemple récent d'une d'agression s'inscrivant dans le contexte d'une trop longue histoire de colonialisme. Des centaines de plaintes ont été déposées à l'endroit de l'ASFC suite à des incidents où, entre autres, on a fouillé à nu un adolescent, soumis une femme enceinte à de multiples rayons-x et interrogé des enfants après les avoir retirés de force de la garde de membres de leur famille. La position adoptée par le gouvernement fédéral – celle de refuser toute discussion avec la communauté d'Akwesasne – est ridicule et ne pourra qu'engendrer plus de méfiance et de frustration au sein des communautés.

Nous, Femmes d'origines diverses, soutenons les revendications exigeant que le gouvernement fédéral entreprenne des négociations sérieuses avec la communauté d'Akwesasne. De plus, nous insistons que le gouvernement canadien respecte la demande des gens d'Akwesasne de ne PAS armer les agents de l'ASFC présents au passage frontalier de Kahwehnoke. Nous exigeons également que le gouvernement canadien respecte la souveraineté des peuples autochtones ainsi que le droit des peuples autochtones à l'autodétermination.

Nous exigeons que les membres de la communauté de Tyendinaga criminalisés suite à leur geste de solidarité avec une de leurs communautés soeurs soient immédiatement libérés et que leurs accusations soient retirées sans délai.

Femmes d'origines diverses est un groupe qui réunit des féministes, des militantes pour les droits des immigrant-es, des groupes de femmes et des individuelles de plusieurs horizons. Le collectif organise à chaque année les activités à l'occasion de la Journée internationale des femmes célébrée le 8 mars. Nous organisons ces activités d'un point de vue anti-impérialiste, anti-capitaliste, anti-patriarcal et anti-raciste. Nous nous sommes dévouées à lutter pour une paix qui amènera une véritable justice et une véritable liberté pour toutes et tous, pour une paix qui fleurira dans un monde sans violence étatique et sans violence interpersonnelle. La solidarité est un aspect essentiel de ce travail ; nous croyons que la solidarité dépasse les frontières et qu'un esprit d'entraide mutuelle dans la lutte pour la justice mènera à une société sans violence contre les femmes et contre nos communautés. En tant que Femmes d'origines diverses, plusieurs d'entre nous, de nos familles et de nos communautés ont fait face à la brutalité des agents frontaliers, alors que nous tentions d'immigrer avec dignité, après avoir été forcées de quitter nos terres d'origines par les gouvernements et les entreprises qui servent les intérêts de l'économie de marché. Nous reconnaissons que la lutte pour notre dignité en tant qu'(im)migrantes, immigrant-es de seconde génération et, en tant que femmes non-autochtones, doit être basée sur la solidarité avec les luttes autochtones pour la justice. Nous croyons que ces liens nous rendent plus fortes et renforcent la lutte contre la colonisation de vos terres. Nous étendons donc notre solidarité et notre appui à vous, femmes Haudenausaunee, qui, depuis des années, risquez courageusement vos vies pour défendre vos terres et vos communautés. Nous comprenons que ces décisions ne sont pas prises à la légère et qu’elles servent à protéger leurs communautés ainsi que les générations à venir.

Nous sommes de tout coeur avec Akwesasne, dans sa lutte contre l'armement des agents frontaliers de l'ASFC et avec Tyendinaga dans sa solidarité avec les communautés soeurs et dans sa lutte pour l'autodétermination. Nous reconnaissons qu'une prise de position par les communautés autochtones contre le racisme et la violence coloniale est une prise de position pour l'humanité.

Solidairement,

Le Comité de coordination du 8 mars et Comité d'action, Femmes d'origines diverses
Montréal, le 16 juin 2009

comite8mars@gmail.com